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Les origines du Karaté… | |
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Du XVIème, au XIXème siècle, l'île d'Okinawa fut le théâtre de conflits entre le Japon et la Chine. Tour à tour, ces deux pays ont imposé leur souveraineté sur l'archipel, interdisant toutes utilisations d'armes. Durant ces siècles d'occupation, les habitants d'Okinawa, animés par l'instinct de survie, développèrent des techniques de combat à mains nues appelées Todé (main d'Okinawa ou main du continent). Transmis secrètement la nuit, de Maîtres à disciples et basés uniquement sur l'efficacité et l'esprit de résistance, le Todé ne laissait aucune place au spectaculaire ou à l'esthétique. |
Dans leur quête des racines de l'art du combat à main nue, les historiens ont abouti en Chine Méridionale, dans la province du Foujian, (Fu-Kien) où tout à vraiment commencé… Il y a fort longtemps de cela. |
La légende de Bodhidharma (l'illuminé)… | ![]() |
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En l'an 520, un étrange moine Indien à la peau claire et à la barbe hirsute se rend à la cour Impériale Chinoise à Nankin. Originaire de la région de Madras, Bodhidharma (Damura en japonais) est, selon ses dires, le fils aîné du roi Sugnanda, descendant de Bouddha, ce qui fait de lui le vingt huitième patriarche indien. |
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Bodhidarma est souvent représenté sous les traits d'un personnage patibulaire |
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Après avoir traversé le Fleuve Jaune sur un roseau, Bodhidharma trouve refuge au Monastère de la Petite Forêt (Shao-Lin-Shi, Sho-Rin-Ji en Japonais), dans la province du Hénan. Là, après neuf ans de méditation devant un mur, il atteint l'illumination et décide de transmettre aux moines chinois une nouvelle doctrine, le Chan (Zen en japonais) qu'il définit ainsi: Voir dans sa propre nature pour atteindre l'eveil. Mais les moines, mal nourris et affaibli par les privations ne peuvent supporter l'immobilité que leur impose la méditation. Bodhidharma se souvient alors de diverses formes gymniques plus ou moins guerrières qu'il avait étudié lorsqu'il était jeune. |
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Le Monastère de la Petite Forêt | |
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Il met au point une méthode basée sur une série de dix-huit mouvements très lents "Les dix-huit mains des disciples du Bouddha", qui permet de fortifier le corps et l'esprit. Ces dix-huit exercices, répertoriés dans un ouvrage dont il est présumé l'auteur, seront à l'origine de plus de quatre cents variétés de boxes Chinoise que perpétueront à travers les siècles les moines Shaolins, et donneront naissance plus tard au fameux "Té" d'Okinawa. |
Combat de Chuan-Fa (Quan-fa) |
Mais, déçu de voir que les moines ne retiennent que l'aspect martial de son enseignement, Bodhidharma quitte le Monastère. En 557 on le dit mort, pourtant on ne retrouve dans sa tombe qu'une sandale et une robe. Des témoins le verront sur la route des Indes chaussé d'une sandale et chevauchant un tigre. | ![]() |
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Bodhidharma | |||
Il faut noter que l'on ne peut totalement attribuer la paternité des Arts Martiaux au courant Bouddhiste de Bodhidharma car des écrits prouvent que certaines boxes chinoises d'un courant Taoïste comme le Quanfa (ou Chuan Fa) étaient pratiquées huit siècles avant la venue de Bodhidharma en Chine. Il existe aussi une certaine confusion au sujet du monastère de Shaolin. Il aurait en réalité existé cinq monastères du même nom qui furent détruits puis reconstruits au cours des siècles. Si le monastère le plus connu est celui du Hénan, où Bodhidharma enseigna le Chan (Zen), c'est sur celui de la province du Fujian (Fu Kien) plus au sud, que se porte l'attention des historiens. C'est bien dans ce monastère, réputé pour ses pratiques combatives, que cinq moines rescapés d'un massacre développèrent la tradition martiale et les cinq styles de Shaolin, Hung Gar, Li Gar, Choi Gar, Liu Gar et Mo Gar, qui se diffuseront sur l'île d'Okinawa. |
En 1609 le clan Satsuma, l'un des plus puissants du Japon nouvellement unifié, envahit Okinawa et écrase son armée. Iehisa Shimazu, Daïmyo de Satsuma débarque sur l'île principale avec plus de trois mille hommes de troupe, ce qui à l'époque est considérable. En 1611 il promulgue les redoutables quinze ordonnances "Okote Jugo Jo" qui interdisent aux habitants de l'archipel, tout contact et tout commerce avec l'étranger (particulièrement la Chine), mais aussi le droit de posséder une arme. Chaque village doit uniquement disposer d'un billot auquel est enchaîné un couperet. Les Japonais maintiennent donc l'interdiction de porter des armes et continuent d'exiger de la noblesse qu'elle reste sagement à Shuri. Mais il faut bien se nourrir, c'est donc contraints et forcés que les Japonais autorisent, l'usage des instruments agraires, particulièrement ceux utilisés dans les rizières. Le riz étant en effet l'une des ressources principales du clan qui le revend au Japon avec un énorme bénéfice. |
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Face à l'oppression Japonaise, les habitants de l'archipel organisent leur défense | |||
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Ces différentes interdictions, ressenties par le peuple et les nobles comme une véritable oppression ne seront jamais levées. Elles vont pousser les nobles à s'emparer des techniques du Té, les rendant de plus en plus meurtrières tandis que les paysans et pécheurs, commencent à transformer les instruments de leurs métiers en armes redoutables (fléaux, poignées de meule, faux, brides de cheval). Cela donnera naissance au Ryu Kyu Bu-jutsu (l'art du combat armé des Ryu Kyu) l'ancêtre du Kobudo. Tout en se limitant à leurs classes sociales, la diffusion du Té, et du Ryu Kyu bu jutsu s'entoure du plus grand secret. Progressivement le Japon se ferme. Cet isolement presque total durera jusqu'en 1853. Il va marquer l'originalité de la culture japonaise et de ses arts martiaux. |
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Paysan d'Okinawa muni des armes du Ryu-Kyu Bu-Jutsu | |||
A la fin du XVIII ème siècle une synthèse a lieu entre Le Té d'Okinawa, les boxes chinoises de Shaolin, le Ju-jitsu pratiqué par les samouraï en cas de perte du sabre et le Zen meilleure méthode connue pour contrôler l'esprit. Certains grands maîtres de Té se rendent dans la province du Fujian (Fu Kien) pour étudier les boxes chinoises et inversement. Un grand maître chinois, Kushanku (Kanku en japonais) passe six ans à Okinawa. La Kata qu'il enseigne porte encore actuellement son nom. Au XIXème siécle l'art d'Okinawa commence à être connu sous le nom de Todé (main du continent) mais aussi sous le nom de Tsang Té (Kara Té en japonais) qui veut dire "la main chinoise". La transmission du Todé est toujours entourée du plus grand secret. Elle se fait généralement la nuit, de maître à disciple, à la lueur d'une torche ou d'une Lanterne. Au fil du temps, les grands maîtres codifient leurs enseignements, si bien que trois styles distincts commencent à apparaître, portant chacun le nom de la localité qui les a vu naître: Le Shuri Té, le Naha Té, et le Tomari Té. Ils seront regroupés sous le nom d'Okinawa Té. |
L'expédition Américaine de Perry … | ![]() |
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Le 8 Juillet 1853, le commodore Matthew Calbrait Perry, débarque dans la baie de Tokyo. Il a pour mission d'ouvrir les routes commerciales vers l'archipel nippon, fermé jusqu'ici par la politique d'isolement voulu par le Shogunat des Tokugawa. Avec l'expédition Américaine de Matthew Perry, le Japon découvre les armes à feu. Ce fait transforme considérablement l'image des arts martiaux traditionnels et accélère le déclin de certaines valeurs sociales. |
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L'ère moderne… | ||
L'unification du Japon sous la restauration Méji en 1868, abolit le système féodal. Cette période marque la disparition du pouvoir militaire shogunal, la fin de l'isolationnisme et fait entrer le Japon dans une nouvelle ère. Le Japon se met sur la voie de la modernité et un nouvel ordre s'établit avec de nouvelles règles. Les formes guerrières ancestrales n'ont plus lieu d'être dans une société industrialisée et tout ce qui ressemble de prés ou de loin à une activité martiale est proscrit dans l'ensemble de l'Empire. |
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L'empereur Meiji (Mutsuhito 1852 - 1912) | |||
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L'ère Meiji est la période historique du japon entre 1868 et 1912. C'est une période de réformes radicales qui va permettre au Japon de sortir de son isolationnisme instauré par le Shogunat des Tokugawa depuis le début du XVII ème siècle et de se tourner vers l'occident. Initiée par la restauration Meiji, elle symbolise la fin de la politique d'isolement (Sakoku) et le début de la modernisation du Japon. L'empereur Mutsuhito a pris le nom (posthume) de Meiji, qui signifie : gouvernement éclairé. |
L'époque charnière… | ![]() |
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Au début du XXème siècle, les maîtres d'Okinawa Té estiment que les temps ont suffisamment changé pour rompre le silence sur cet art terriblement meurtrier. En 1902, le voile est levé. De cette époque charnière nous viennent les noms de deux maîtres qui vont devenir les chefs de file des principales écoles actuelles: Anko Itosu et Kanryo Higaonna. |
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Kanryo Higaonna, l'initiateur du courant Naha-Té (1881) |
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Anko Itosu "la main sacrée du Shuri-Té" | |
Anko Itosu est le secrétaire du roi Okinawaien Sho-Tai jusqu'à la dissolution de la monarchie en 1879. C'est un fin lettré de la culture chinoise et de la culture Japonaise. Maître de sabre (Kenjutsu), il est aussi l'héritier officiel de l'école Shuri-Té de Matsumura Sokon. Il élabore un programme d'apprentissage de l'Okinawa-Té plus abordable pour les enfants du primaire. |
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Il scinde Kushanku et Naihanshi et crée cinq kata, les Pinan, qui serviront de base aux entraînements et petit à petit, fait fermer les poings des élèves pour éviter les blessures. Anko Itosu est en train de jeter les bases des formes modernes du Todé et les premiers entraînements de masses voient le jour dans la cour du château de Shuri. l'ascension de l'Okinawa-Té vers le grand public commence. |
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Entraînement au château de Shuri |
Gichin Funakoshi | ![]() |
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En 1922 Gishin Funakoshi le disciple d'Anko Itosu, fait une démonstration d'Okinawa-Té à Tokyo, qui impressionne et enthousiasme particulièrement les Japonais. Il est prié de rester au Japon. De ce jour, ce maître et pédagogue exceptionnel va oeuvrer sans relâche pour la diffusion de l'art d'Okinawa au Japon et à travers le monde. Il le redéfinit et lui donne un sens plus profond, plus philosophique. Sous son impulsion, l'art d'Okinawa devient le Kara-Té-Do "la voie de la main vide". |